#Juin - C'est le premier je balance tout
By Vagabonde. - samedi, juillet 01, 2017
The most important thing in life is to stop saying ‘I wish’ and start saying ‘I will.’ Consider nothing impossible, then treat possibilities as probabilities. Charles Dickens
Ayant oublié le dernier rendez-vous du mois de mai pour juin, j'essaie de me rattraper et reviens telle une petite souris honteuse. Pour me justifier un peu, j'ai été prise dans la tourmente d'une vie qui se joue de moi ! Maintenant prévenue, j'essaie de trouver un second équilibre à ces... petits moments, à ces découvertes brisées, à ces promesses éclatées qui reviendront peut-être à la rentrée... Mais nous sommes en plein début des vacances, loin de moi de casser le moral alors que le soleil entame à peine sa montée pour des canicules et chaleur généreuse, agrémentée de sorties piscines et volets fermés. Ce que j'ai fais ce mois-ci fut deux semaines de farniente dans une région reculée de l'Ardèche et je vous écris d'ici, sans réseau mais avec internet (les joies du paradoxe m'amuseront toujours).
☼ LE FLOP ET LE TOP ☼
Un mois où les pages ne tournèrent pas vraiment sous mes mains désireuses de boire les mots. Une panne de lecture durant une semaine m'a laissé sur le bord de la route, une pause peut-être voulue inconsciemment, cependant j'ai fais la découverte de trois bons livres, dont un qui m'a partiellement déplu. Peut-être à cause de sa touche un peu trop éloignée des personnages.
Dans l'ensemble j'ai aimé ces trois romans que j'ai dévoré ce mois-ci, mais j'en avais entendu que du bien sur De Sang-Froid, un livre à lire certainement, rien que pour l'innovation artistique, stylistique de l'écrivain. Il a un talent, une plume, rien à dire... sauf que les émotions n'ont pas batifolé dans mon coeur éreinté, elles se sont cachées sous un voile de distance, distance que je ne demandais pas. A la manière d'un Exorciste qui, lui, réussit à placer l'horreur dans la splendeur, Truman Capote reste sur la route concernant les sentiments du lecteur. Les descriptions poétiques certes mais le manque d'imagination, paradoxalement je lui reproche surtout le fait d'être resté journaliste plutôt que romancier. Ca commençait bien... avant de me lasser et j'ai eu du mal à ingurgiter la fin, ce fut un chemin de croix.
Celui qui m'a touché en pleine tripe, une balle dans le coeur, un coup de foudre, un coup de poing dans les entrailles fut ces Raisins de la colère, brûlant de verve, de révolte, un plaidoyer contre cette société libérale qui se développait petit à petit ; plus qu'un roman, celui-ci est documentaire, alliant émotions incroyables, parler hargneux, rage de vivre, de se défaire de la pauvreté, la solidarité touchante massacrée d'une arme méprisante. Il nous montre la face de l'humain dans la misère, dans l'ignorance, dans le rejet des autres, des exploités. C'est terrible, c'est triste, nous aussi nous rugissons du courroux de cette dictature de l'argent quand il explique dans des paragraphes poétiques que les arbres donnent les fruits, les légumes, les aliments aptes pour la survie... qu'on laisse pourrir car le plus important c'est l'argent, le profit, le bénéfice et, ensuite, les hautes maisons aux colonnes blanches dans les champs en Californie.
☼ LES DÉCOUVERTES LITTÉRAIRES ☼
Début des vacances et début de la lente agonie du manque, j'ai écumé les blogs comme à mon habitude et, comme à mon habitude, je n'ai pas noté les adresses, les conseils qui m'avaient tenté. De tête, je peux dire que le TBT de Nina se livre m'a donné plus qu'envie de me lancer dans ces mots, de gribouiller les pages, de m'ancrer ces paroles qui font du bien, qui construisent encore la pensée. D'ailleurs je compte bien remédier à ce manque dès que je pose le pieds aux lucioles ! Un livre que je conseillerai à tout le monde, ce livre qui a bouleversé mon existence, tellement que je n'ai pas eu besoin d'apprendre les phrases par coeur, elles se sont ancrées sans effort, comme si je devais me forger dans les mots de Baricco, pour ça, je suis très très heureuse de lire la chronique d'Océan mer que Récolteuse de mots a écrit avec sa sensibilité, ce côté très spécial qui lui appartient, une douceur qui lui convient si bien et qui donne envie, une force tranquille. Pour le dernier, je me demandais ce que je proposerai mais j'ai vraiment beaucoup apprécié la pensée, la critique de La tournée des livres concernant Américan Psycho que je devais lire avec elle (malheureusement, la tournure des phrases, le personnages principal, les nombreuses répétitions des marques m'on achevé, tellement que je ne l'ai pas surpassé, mais je garde la fin pour plus tard). Elle ouvre la discussion sur cet ouvrage en ciblant les points essentiels et c'est ce qui me plait. Du coup j'ai hâte de lire la fin, bien que je sente que l'achever sera une épreuve... L'auteur a un talent unique pour sur.
☼ LES DÉCOUVERTES WEB ☼
Mon inaptitude à noter les sujets que je lis sur le net me perdra mais, dans ma hotte de secours se trouve tout de même de la poésie chantée par le doué Gaël Faye, l'auteur de Petit Pays avait mis en couleur audio les paroles de son livre que je n'ai toujours pas lu. Depuis hier, j'écoute en boucle cette litanie douce, triste, magnifique. L'album entier est un délice pour les oreilles ! Celle de Isimbi est aussi d'une telle beauté que je pourrai m'enfermer dans l'album, je me vois déjà marchant dans les voiles des mots, chanter, jouer violon et piano pour permettre aux émotions de se décupler. C'est un voyage vers l'Afrique, vers la littérature, c'est un cadeau vers l'ouverture, la rétrospection, les souvenirs, les mémoires. La découverte Wattapad me rend joyeuse, car internet permet l'ouverture et la confiance en soit, le partage et la découverte de jeune écrivain désirant se lancer mais doutant encore. C'est mon cas. Cependant, depuis que je suis sur la plateforme, ceux postant des histoires me motivent, m'inspirent et m'incitent à faire comme eux, à m'envoler, à écrire. Prise d'une fougue, j'essaie de récolter les mots petit à petit et à les tisser sur des pages pour faire vivre des personnages. Ainsi je suis en train de m'engouffre dans cette jolie poésie romantique, pleine de sagesse, d'amour, et de tourment : Braise de satin.
☼ L’INTROSPECTION ☼
La fin d'une page qui se tourne, une autre qui s'arque vers un horizon bonheur peut-être, en tout cas j'ai eu ma réponse... mes réponses concernant mes dossiers de master et j'ai été acceptée dans les deux. J'ai choisi mes repères, le Nord, la pluie, mes amies... J'ai hâte de les retrouver, devenir professeur d'Arts Plastiques se faufile de jours en jours et je sais que je devrais poursuivre mes efforts pour y parvenir. Les vacances semblent lourdes, un mois déjà et encore deux à regarder par le bord de ma fenêtre, les études me conviennent car l'ennui s'efface, assise sur mon lit j'ai envie de bouger, de crier, d'hanter les bancs de faculté. J'écris, je m'enivre dans les textes, un début de poésie que j'ai posté sur mon deuxième blog, tout neuf, tout naissant, me permettant de hurler sur des choses et d'autres, d'essayer de partager ma vision du monde un peu globuleuse, un peu distraite...
Histoire de bien se préparer pour les vacances ensoleillées je vous propose un nouveau rendez-vous que j’ai mis du temps à élaborer ; grâce à Histoire Vermoulue et ses listes thématiques j’ai voulu reprendre la même chose à ma sauce, quatre livres vous seront conseillés suivant un thème.
Aujourd’hui l’astre éclaire les pupilles, enjolive les
villes, les rues pavés, la chaleur se miel sur la peau dorée, rien de tel qu’une
humeur joyeuse pour se mettre en condition et apprécier les trois mois de
saveur délicate. Et pour ceux qui ne partirai pas en vacances, travaillant pour
gagner des sous, les livres sont vos meilleurs amis !
Je me souviens de ce livre, la couverture, ce tableau chatoyant,
attirant mes orbes gourmandes, dans une période de classique, intéressée par la
mythologie grec et romaine, pour augmenter ma culture également, j’ai été surprise
par la qualité de ce recueil. La poésie englobe les phrases, Ovide peint le
monde, son époque dans la délicatesse de traits merveilleux.
Les métamorphoses transmettent des légendes, des mythes, tisse les
histoires à la manière d’une mille et une nuit où la chaleur s’étend, s’enflamme,
massacre les passions, châtient les vices. Histoires de Dieux vengeurs se
servant de leur pouvoir par jalousie ou désir d’égo, histoires de princesses
sublimes prisent dans la tourmente d’une destinée implacable (Mhyrra et son
amour malsain pour son père), les amours terribles d’Hades pour la jolie
Persephone encore jeune, nubile, vierge de satin enlevée sous les cris de ses
sirènes incapables.
Ça vibre de vie, ça tournoie de beauté magique, on ouvre le livre
et les mœurs antiques se dessinent sous nos yeux, les filles alors se sentiront
quelques fois très mal quand elles liront les phrases semblant banales quand
monsieur l’auteur se permet d’écrire naturellement que les guerriers prennent
de force si nécessaire la dignité féminine.
Réticente à m’attacher aux contemporains, à cette époque,
superficielle concernant les couvertures (j’avais mon schéma très drastique :
jolies portraits ou images poétiques perçant l’imagination, narguant la
débauche de jolis moments de lecture), j’ai tenté Malavita.
Quelle belle surprise !
Famille atypique de mafieux déchus, fuyant, chutant dans une ville
de Normandie alors qu’ils possédaient la ville de New-York, l’auteur
dédramatise par cette excuse de l’illégal, permet de s’immiscer dans le rire,
le grotesque, le potache. Véritable comédie où j’ai ris, j’ai ris ! Les
personnages attachants, toujours des pensées en décalage avec notre société, l’auteur
s’amuse à prendre à contre-courant ce qui aurait dû être un livre dramatique.
Lui il parodie pour notre plus grand bonheur et nos plus grandes larmes de fou
rire. Je me souviens encore des scènes, surtout celle du barbecue où le père (s’ennuyant
mortellement apprend à lire) ne s’adapte pas aux déjeuners où le voisinage et
les amis sont conviés. Les quatre membres : le père, la mère, la fille et
le garçon possèdent tous leurs personnalités aguerries, stéréotypes détruits. J’ai
adoré, je n’ai pas pu lâcher le livre jusqu’à la fin. Je vous déconseille le
film de Luc Besson par contre.
Hérité de ma mère qui en avait été amoureuse durant sa jeunesse,
Les coloriés d’Alexandre Jardin exerçait sur moi une curiosité proche de l’engouement
passionné quand je l’ai eu entre mes mains. Ni une, ni deux, la première m’a
happé. Et la narration tout entière, puis le style, les phrases, la plume de l’écrivain.
Les idées développées. Sur mon compte Sens Critique je lui ai mis la meilleure
note pratiquement car ce fut un coup de cœur monumental.
Ces trois livres sont des perles de bonne humeur (sauf pour Les Métamorphoses qui est beaucoup plus contemplatif, à lire près d'un ruisseau, éloigné de tout, en communion avec la nature) idéal pour les vacances, trois mois sous le soleil baigné de chaleur.
L’ouvrage traînait sur la table de chevet depuis quelques années, les pages jaunis, ouvertes, saccagées par l’attente indicible, Dracula chuchotait sa légende de bout des lèvres de papier sans jamais que je me sente prête à le découvrir, une page, deux pages, cinquante page, âgée de quinze ans je l’ai délaissé pour le reprendre aujourd’hui. Vingt-quatre ans à présent, j’ai pu lire jusqu’à la lie l’histoire enchantée, le mythe de ce vampire créateur de frisson pour le public, une histoire sibylline, une porte ouvert au fantastique, à la peur, à l’angoisse, aux non-dits, à l’imagination suggestive ; loin d’être cru, au contraire, Bram Stoker ose une plume délicate, faussée par moment, lors de grandes tirades effectuées par le grand Van Helsing, une narration dans l’étrangeté surnaturelle permettant une immersion dans l’ambiance gothique d’une époque oubliée. A l’image de Jane Eyre avec ses architectures, sa brume opaque, ses arabesques romantiques, Dracula nous livre une histoire auréolée d’aventure, d’une quête contre le bien et le mal… malheureusement assez manichéenne.
Dracula résonne dans
les oreilles du monde, chaque personne connait ce mythe vampirique, cette base
d’histoire offrant sur un plateau d’argent les nombreuses fleurs qui
bourgeonneront siècle après siècle ; Dracula c’est une épopée, il faut se
l’avouer, une aventure de cinq guerriers pourchassant le mâle indu, honni,
déchu, démoniaque, Dracula. La race ténébreuse des suceurs de sang nait de ce
roman gothique, écrit par un homme de lettre, de science, un chercheur
invétéré. Bram Stoker avait l’habitude d’errer dans les longs couloirs de la
bibliothèque, piochant ci et là des pavés de documentaires pour présenter aux
lecteurs un sentiment saisissant de réalisme. Ainsi l’écrivain aurait fait le tour
du monde, la Bulgarie, la Transylvanie en ne quittant jamais sa chambre ou son
pays. Fascinante histoire devenant grande, les éléments du vampire repris dans
les séries, les films, récemment d’ailleurs on a pu voir Dracula Untold ou
encore True Blood ; vampires craignant le soleil, hypnotiques, créatures
silencieuses hantant les nuits de débauches et de soupirs. Encore mieux que les
nombreuses interprétations, Anna Rice remercie Bram Stoker en écrivant sa
fresque vampirique, augmentant la puissance de ces légendes immortelles, Lestat
à l’image de Dracula apparait comme un être mythologique à un publique affamé,
fasciné. Oublie d’ailleurs le film de Coppola car tu seras déçu du voyage si tu
superposes les images du film au livre. Par contre les deux se complètent
énormément, quand le roman se concentre sur les cinq chevaliers aux mœurs
d’ange, le film se focalise sur l’histoire d’amour inexistante dans le livre.
Mina obtient un rôle plus puissant grâce à la réalisation de Coppola que dans
les doigts de Stoker.
Parlons-en de ce côté
ô combien désuet, énervant, chagrin ; ce côté misogyne et paternaliste qui
m’aura contrarié pendant presque tout ma lecture ! Le contexte se situant
à l’époque victorienne, l’on sait que les femmes à cette époque-là se devaient de
ressembler aux anges plus qu’à un être humain doué de sensibilité, de
fragilité, de défauts. Quand j’ai constaté ce vieux ton masculin réduisant la
féminité à un sac noué de qualité j’ai eu du mal à terminer, à passer outre.
Féministe ayant à cœur le sort des femmes, il m’en faut peu pour attiser ma
colère, ainsi j’écris ce paragraphe avec le regret que cette œuvre qui débutait
si bien ait pris de l’âge. Je n’ai eu de cesse (comme si le discours
paternaliste ne suffisait pas) de comparer la pauvre Mina à Jane Eyre, mon cerveau ayant cru qu’un
lien se tissait entre ces deux protagonistes légendaires. Lorsque Jane Eyre est
indépendante, Mina se réduit à être la femme de… comme si elle ne pouvait vivre
sans son mari ; lorsque Jane Eyre quitte Mr Rochester par principe et
valeurs morales, Mina ne sait se défendre face à la présence néfaste de
Dracula. Deux femmes dans deux œuvres qui auront apporté à l’histoire de la
littérature mais toutes deux antinomiques. Mina possède le rôle symbolique
réunissant les cinq hommes pour combattre, le rôle de la valeureuse pourtant
fragile que les hommes se doivent de protéger, de garder en sûreté ; plus
qu’une femme, elle est devenue objet sacrée, emprisonnée dans une société patriarcale.
A cet élément sexiste s’ajoute la nuance marbrée du manichéisme, cette manie de
placer les bons d’un côté et les méchants de l’autre soustrayant la force de
Dracula perçu tel un titan sans psychologie, là pour séduire, boire, débaucher,
tuer, un parfait psychopathe inutile, là pour effrayer. Grâce et à cause de
nombreuses références venues après la base, c’est s’enlever la terreur qu’on pu
ressentir les lecteurs du siècle dernier, on sait de quoi il retourne, qui n’a
jamais entendu parler de Dracula ? Les pages dans mes mains maladives de
découvertes, au CDI du collège où je fus stagiaire, j’avais cette saveur amère
au coin des lippes quand j’ai constaté que Dracula n’était pas ce vampire
intransigeant, doté de côtés humains… qu’à cela ne tienne, j’ai créé mon
Dracula, commençant un énième roman.
Je ne nierai pas,
cependant, que Dracula, en plus d’installer des notions de fantastiques, de
terreur et de d’émotions effroi semble un chef d’œuvre d’idée modernes, avant
gardistes. L’écrivain instaure des notions scientifiques et psychanalystes
totalement novatrices pour l’époque. C’est un roman à faire lire aux élèves
pour qu’ils prennent conscience du terme et de la définition du mot fantastique
et non pas fantasy que l’on retrouve à présent. Dans Dracula, l’ambiance se
teinte d’incarnat, une lune rougeâtre, sanglante, un fou criant contre les
barreaux de sa cage, emprisonné dans un asile où les premiers psychiatres les
traitaient en cobaye, où les hommes tâtaient l’esprit humain, ses méandres, sa
folie, son obscurité. Chaque phrase, chaque description, chaque paragraphe se
peint en couleur vespérale, en mêlée de chair, en sensualité malsaine, il y a
un sentiment qui pénètre et ne quitte pas le lecteur jusqu’à la dernière
goutte, le dernier mot, l’apothéose. J’ai appris à aimer un nouveau personnage
que je place dans mon top 3, Dracula est pour moi une page grise que je
noircirai avec plaisir.
J'essaie de sortir ma tête hors des nuages roses qui s'engouffrent dans mon coeur depuis quelques semaines déjà, ce n'est pas évident. Pour pallier au problème de mon manque de rigueur de chroniques, je lis toujours autant mais du coup le rythme d'écriture est beaucoup moins poussé (dans mon carnet j'ai environ neuf plans pour neuf livres et j'aimerai vraiment vous partager mon avis pour qu'on en discute) ; j'ai décidé de faire ce petit TAG sur mes habitudes de lecture, Les lectures de Nina m'ayant gentiment nommé ce TAG tombe à point nommé !
Quel est ton rythme de lecture ?
Le rythme dépend exclusivement de mes humeurs, de mes lubies, de ces petits défis très rares mais motivant que je me fixe juste par amusement. Ce matin j'ai réfléchi et je pense que je n'abandonnerai jamais la lecture, pour rien au monde, ce serait le pire sacrifice que je n'arriverai pas à commettre. La lecture j'en ai besoin pour mon âme, mon cerveau en réclame toujours ivre de connaissance, d'histoire, quémandeur d'inspiration, bouffeur d'imagination. Alors mon rythme sauvage se pose en conquérant, parfois je lis un livre dans la semaine de trois cent pages car j'ai autre chose en tête (ces trois dernières semaines par exemple) et d'autre fois je lis un livre de six cent pages en trois jours (le tome de 2 de l'Amie prodigieuse dont j'ai hâte de vous parler). Alors ça dépend réellement, il faut que je me sente concentrée, que je sois rassurée, que mes pensées ne tourbillonnent pas en grande marée.
Un ou plusieurs livres en même temps ?
Un seul livre tandis que l'ours lit plusieurs livres en même temps, j'admire ces gens qui passent d'une histoire à l'autre sans en connaître la fin, lire plusieurs livres en même c'est avoir l'esprit dans deux univers opposés, découvrir des personnages qui n'auront pas la même aventure. Et je suis de celle qui aime à me concentrer sur un ouvrage avant d'en ouvrir un autre. J'avoue que j'ai plusieurs fois tentée d'ouvrir deux voir trois livres en même temps mais force est de constater que je n'y arrive pas vraiment. Je laisse tomber et je reprends le livre que je lisais. Car je m'attache comme une sangsue aux personnages, à leur esprit, aux propos de l'écrivain avec qui je partage une discussion passionnée sur la vie. Pour moi la littérature comme l'art sont la vie dans une splendeur de feu qui brûle de nombreuses réponses concernant nos questionnements. Et j'ai besoin de cheminer tranquillement, en symbiose constante et en ne lisant qu'un seul livre pour ne pas m'éparpiller. Je suis déjà dissipée dans mes passions, à désirer tout faire en même temps que j'ai besoin de me créer un emploi du temps que je ne respecte pas du tout d'ailleurs...
Papier ou E-book ?
Papier crie-je ! Il y a un moment où les kobos sortaient de leur étui, les premières, j'ai voulu essayé car je suis d'une nature assez superficielle quand on me présente un joli accessoire design, j'en ai acheté une, super motivée ! Résultat cette chère liseuse se sent abandonnée et il y a de quoi puisque je ne l'utilise pour ainsi dire absolument jamais... Le papier est cher à mon coeur de lectrice car on parle de la matérialité, de l'objet en lui même. Alors peut-être est-ce mon esprit d'artiste, d'étudiante en art, mais j'ai besoin de sentir les pages défiler sous mes doigts, de tenir le poids du pavé, de souligner, de graver, de dessiner, de coller des marques pages dans mes livres favoris (que personne ne veut lire après puisque mes livres avec tout ce que j'y rajoute m'appartiennent totalement). Ce n'est pas qu'une histoire de tenir les pages, de sentir l'odeur ni de suivre les lignes des yeux, pour moi l'objet est autant sacré que l'histoire dessinée, dans un livre je peux y marquer de la vie bien que beaucoup me disent que je les détruise comme ça, au contraire j'y vois une sorte d'hommage. J'esquisse des nus et des figures dans les livres qui m'ont chamboulé.
Relis-tu tes livres ?
Oui, absolument. J'ai relu cinq fois Lolita que je compte bien relire pendant toute ma vie, Confession d'un enfant du siècle également que j'ai lu deux fois et que je relirai encore, Notre Dame de Paris aussi qu'il me tarde de reprendre. Je relis beaucoup de mes classiques favoris car ce sont des ouvrages qui m'ont gravé l'esprit, qui m'ont aidé à forger ma propre vision du monde et pour cela je ne les remercierai jamais assez. J'ai l'intention de relire le Petit Prince dès que je retourne chez ma mère car celui là m'a fait pleuré à toutes les pages et j'ai même des citations en mémoire sans être obligée à les apprendre par coeur. La poésie également, prendre un ouvrage, ouvrir une page, lire la beauté des mots pour s'émouvoir. Relire c'est un concept que j'apprécie énormément car c'est encore apporter un intérêt au passé pour qu'il redevienne présent tout compte fait. Relire pour redécouvrir des personnages qui nous ont marqué, des univers qui nous ont bouleversé.
Quel genre de livre lis-tu généralement ?
Tellement ! De tout ! Bien sûr j'ai des obsessions qui concernent mon passé et je me tourne quelques fois vers les livres qui les explicite, qui en parle, ce sont souvent des thèmes très glauques, très noirs, très dérangeant, pas rigolo du tout. Tigre Tigre en est un bon exemple. Mais c'est de plus en plus rare. Alors les livres que je lis sont éclectique, à mon image, disons que je m'intéresse absolument à tout, que je veux manger le monde, le comprendre dans ses moindres détails, l'humain est également une obsession, son esprit, ses peurs, sa psyché, sa franchise, ses faiblesses. Un livre c'est une porte ouverte à l'imaginaire partagé d'un auteur, d'une autrice, c'est un monde enchanté qui élabore une complexité parfois infranchissable. J'ai besoin d'un livre qui me fasse ressentir, réfléchir, je ne suis pas compliquée, je prends toutes les histoires, toutes les souffrances, toutes les joies.
Quel est ton rapport avec ta PAL ?
Cette question c'est un aparté que j'aimerai écrire, mais je vais en mettre un petit extrait ici histoire de débarbouiller un peu la culpabilité de certains. Je suis totalement décomplexée face à ma PAL, j'adore ma PAL qui s'élève maintenant à 400 livres... un peu moins, disons que je n'ai pas compté et tant mieux, par contre j'ai besoin de ma PAL. C'est sûrement psychologique, cette manie de remplir mais j'ai l'impression d'avoir une énorme librairie à ma disposition, chez moi, sans acheter puisque les livres m'appartiennent déjà, de fureter, de toucher, de prendre, de reposer, de lire quelques passages, d'abandonner, de reprendre ensuite, de continuer, de faire des piles et des piles pour les délaisser ensuite, y revenir. Ma PAL c'est mon champ de guerre, mon champ d'amour et je compte bien poursuivre mes efforts. J'ai conscience que je ne pourrai peut-être jamais lire tous les livres qui sont présents chez moi, mais rien que l'idée qu'ils soient là me remplit de bonheur. C'est suffisant.
As-tu déjà eu une panne de lecture ? Que fais-tu pour t'en sortir ?
J'ai eu deux immenses panne de lecture au cour de mon existence : l'une où je lisais le tome 6 d'Harry Potter qui venait de sortir et que je ne voulais pas terminer ; à cette époque aussi je m’immisçais dans une situation familiale compliquée et la deuxième où j'ai fais une rencontre bouleversante dans ma vie. Du coup au revoir les livres. J'avais besoin de ces périodes pour recharger les batteries et me lancer encore plus à âme perdue dans les univers proposés. Grâce à ces pannes j'ai compris que lire ne devait pas devenir un fardeau, une corvée, lire c'est du plaisir en brique. Pour m'en sortir je ne connais qu'une solution, ma solution : acheter... Voilà cette solution ne plaira pas à tout le monde, mais pour moi surmonter une panne de lecture c'est reprendre contact physiquement avec l'objet, tourner les pages dans une librairie, regarder les étagères et les titres, hésiter, se bourrer les bras de couverture avant d'avoir mal puisqu'il y en a plein. Après tu as juste de nouveau envie de tout dévorer.
Qu'est-ce qu'un lecteur ?
C'est une personne qui souhaite connaitre le monde, qui comprend que l'imagination est arme face aux douleurs et aux souffrances que nous impose la vie, qui mange les histoires, qui apprend dans les phrases, qui se construit lui même un univers, le sien, qui aimerait peut-être en faire quelque chose. En lecteur c'est une personne qui, quand elle se sentira prête pourra elle aussi partager ses doutes, ses forces, sa vulnérabilité à d'autre lecteur.
J'ai énormément parlé en grosse bavarde que je suis... Il est temps maintenant de faire mon orque sadique et de nominer certaines victimes que j'ai hâte de lire ! Bon étant une sédentaire qui ne change pas de caverne quand on se sent bien quelque part pourquoi la quitter ? Alors ma chère Pauline c'est à ton tour, puis petite Maned Wolf qui devient une amie plus que chère à mon coeur, Ours bibliophile également qui devient une personne avec qui j'aime beaucoup discuter et Ada de la Tournée des livres. A vos claviers, j'attends vos réponses avec impatience !
Longtemps j’ai cherché à fuir l’écriture de cet article,
apparemment, La Sagesse dans le sang semble un titre prometteur, durement
poétique quand ces quatre mots valsent et annoncent une richesse spéciale,
complexe. L’écrivain se moque certes, adroite dans son style, les mots
claquent. Longtemps j’ai cherché les termes, les pensées, les critiques, les
émotions qui m’engloutissaient à la lecture de cette histoire atypique,
longtemps. Me voici dans ma chambre pour la reprise de mon blog après une
semaine en baiser éclatant, en doux rêve et ce sourire au creux de mes lippes.
Je me suis arrêtée, j’ai mis sur pause quelques secondes pour recharger ce
besoin de partager, de parler, d’analyser, de décortiquer. Or, la Sagesse
n’inaugure pas le bonheur, quelques éclats d’ironie subtile à faire rire aux
larmes, une nuance de malheur perchée dans les propos de l’autrice acerbe. Deux
personnes, des évangélistes nous sont présentés dans la splendeur misérable de
leur fanatisme, en cela le livre est intéressant, les phrases claquent, cognent
le lecteur sans jugement, sans façon, juste brûlante de moquerie, une manière
de s’énerver discrètement contre ces belles gens marchant au zénith de la
manipulation.
La force d'une prédication est dans le cou, dans la langue, dans le bras. Son grand père avait parcouru trois comtés dans une ford. Le dernier samedi de chaque mois, il arrivait à Eastrod comme s'il était temps d'un venir sauver tout le monde de l'enfer et, à peine avait-il ouvert la portière qu'il gueulait déjà.
Il s’élabore dans une succession d’images tourbillon, la chaleur s’enflamme
au cœur, l’incompréhension aussi quand on avance, que l’on suit difficilement
le parcours chaotique de ces deux énergumènes. Où nous emmène-t-elle se
demande-t-on, se demandera-t-on tout le long du récit. Un périple dans le sud
dans les Etats Unis, en spectatrice curieuse, je suivais le mouvement des pieds
de ces personnages grotesques dont j’ai oublié le nom car leur identité importe
peu en réalité. Les événements défilent dans la brume, un mirage de bravoure,
une pensée alors, sauvage, malaisante, étoile s’échappant de ma paume pour
revenir me hanter : la force de ce roman se trouve dans l’essence même des
deux protagonistes. L’un s’élance dans sa croyance funèbre, sûr, certain de sa
foi, l’autre également. Deux sentiers s’esquissent pourtant ils fabriquent leur
même parcours d’une manière différente. Dans leur folie je n’ai pas compris,
leur caboche percée assument une vision du monde outragée par leur besoin d’argent
ou d’amour, de reconnaissance et ce grand besoin de s’exclamer, de prêcher, d’hériter
pour le premier de la voix de son grand père prêcheur saltimbanque avant lui. L’histoire
ne se coud pas dans un monument de clarté, elle se découd justement formant des
arabesques d’un au-delà meurtrier. Sous les couleurs vives, chatoyantes se
dessine le terrier d’une Alice droguée aux paroles fantomatiques, dangereuses
de ces deux êtres, symboles de guerre pour Flannery O’Connor.
Plus tard, il vit Jésus aller d'un arbre à l'autre au fond de sa pensée, silhouette loqueteuse et sauvage qui, d'un signe, lui disait de faire demi-tour, de s'enfoncer dans les ténèbres où il ne saurait pas exactement où il mettait les pieds, où il pourrait marcher sur l'eau sans s'en douter et, s'en rendant compte soudain, y disparaitre et s'y noyer.
La plume
se percute dans une simplicité assassine, elle s’empare des mots pour les faire
valdinguer dans une force émotive, toujours le mot juste frappe à la porte de l’esprit
tandis qu’elle s’occupe de ses personnages, décrit macabre et senteur
oppressante. L’on sent le plaisir catharsis à l’écriture de ce roman, je l’imaginais
derrière sa feuille blanche, remplissant la blancheur éclatante à l’encre
charbon pour donner la mesure de son cœur en colère contre tous ces sieurs
venant déranger la tranquillité de sa vie, à dire n’importe quoi, à se
permettre des mensonges éhontés dans le but de tendre la paume en quête de
monnaie. O’Connor aimait la religion chrétienne, fervente croyante dans l’humilité
d’un cœur simple, cet ouvrage est le passage d’un trop plein, alors, à son
tour, elle dénigre les perversions de la religion. Sans pitié, elle ose montrer
du doigt les pires, les terreurs, l’inculte que ces prêcheurs possèdent. Elle force
le trait de caractère pour donner l’allure d’une fresque à la Bosh, des personnages
défigurés par la vanité. Ils sont vivants mais abstraits car la folie pénètre
le sang, cette fausse sagesse. Pour combler mon rire franc et sincère, cet
humour particulièrement noir, l’autrice m’a offert plusieurs moments de fou
rire dans les événements les plus sombres, les plus sentencieux, il semble qu’elle
ait voulu aller jusqu’au bout de sa critique non sans me déplaire, elle a
ravagé mes convictions et mon air froid de lectrice capricieuse, ivre de
compréhension. Il ne faut pas comprendre ce livre, il faut entrer dans la
tanière sans s’essuyer les godasses avant d’entrer, assister à lenteur
infernale jusqu’à l’apothéose finale.
Seule Lila me manquait, Lila qui pourtant ne répondait pas à mes lettres. J'avais peur qu'il ne lui arrive quelque chose, en bien ou en mal, sans que je sois là. C'était une vieille crainte, une crainte qui ne m'était jamais passée : la peur qu'en ratant des fragments de sa vie, la mienne ne perde en intensité et en importance.
Elles étaient deux, enfants volages dans ce quartier de Naples ; elles étaient deux, gamines hurlant à la liberté, criant à l’amitié. L’une semblait méchante, l’autre passive d’une vie qui ne lui appartenait pas ; l’une était chétive, obéissante, l’autre espiègle, rebelle cachant sa douleur dans sa douance enviée, convoitée. L’une parvint aux études rares à cette époque où l’Italie, l’Europe se relevait des entrailles de la seconde guerre mondiale ; l’autre fut réprimée, muselée dans sa condition de femme, elle ne parviendra pas à poursuivre au-delà de ses années de primaires. Quel gâchis ! Et, lectrice assoiffée, j’étais curieuse de ce roman que l’on disait tentaculaire, spectaculaire, sans préjugés mais sans attentes également je fonçais tête baissée dans ces phrases naturelles, dans ce satin de soleil. L’amie prodigieuse annonce et tient ses promesses d’une aventure que l’on n’oubliera pas, dans la veine de Mémoire d’une Jeune fille rangée de Simone de Beauvoir, Elena Ferrante signe de sa plume humble, puissante, satinée une merveilleuse histoire de vie, un parcours d’obstacles, des joies, des peines, harmonie grandiose.
Comme chaque être humain l’on nait quelque part, un corps pousse les limites de l’au-delà et voilà cette exquise petite fille qui deviendra femme, Lila et Elena apparaissent à Naples, cette ville lumière où règne la poussière, où les éclats de rire des gosses des rues s’entremêlent aux rumeurs, aux commérages des adultes. Là-bas il y a des immeubles pauvres, des quartiers misérables éloignés de ceux riches, croulant sous l’opulence. On a de la chance ou on ne l’a pas. Naples ce n’est pas qu’une ville, c’est un personnage qui chatoie d’existence, elle vit par ces millions de pas que foulent ses enfants italiens, elle respire par les actions, les gestes, les vérités, elle s’immole dans les croyances, Naples c’est la mère de ces deux fillettes, ses rues sont ses artères entraînantes, elle garde en son sein les légendes de ses petits bourgeonnant. L’école au lointain semble une promesse d’avenir ravagé par ces familles pauvres qui ne rêvent que profit et argent, n’ayant pas compris la valeur de l’approfondissement des connaissances pour un avenir meilleur. Parce que ces familles s’enferment dans cette pauvreté, ne savent rien d’autre que l’effort produit par leur silhouette, par leur fatigue. Naples c’est la magie où les habitantes ne forment qu’un, se joignent, inspirent dans une mélodie de haine et d’amour. La violence achève les joies, dans cette banlieue, les coups d’arme, les meurtres, les viols ne sont pas uniques, ils semblent le fardeau habituel des âmes passagères.
La ville héberge deux esprits complémentaires, deux petites nymphes partageant un amour incommensurable, une amitié où les mots même ne parviennent pas à exprimer la force de ces sentiments parfois nébuleux, parfois sauvages, toujours sublimes. Ames sœurs les définit bien, deux âmes jumelles qui se croiseront pour ne plus jamais se quitter, les mains se lient, s’ensorcèlent, les regards se meurent de jalousie, les paroles s’écarquillent de tendresse. Je me souviens de la scène du bar où elles se retrouvent pour discuter, et Lila, pleine de reconnaissance, de sagesse, reconnait la valeur éternelle de l’amitié qu’elle éprouve pour elle. C’est touchant, émouvant, tout du long ! Le style narratif, ingénieux, intelligent, permet l’immersion d’un seul regard, Elena rend hommage à sa vieille coquine de Lila, soixante-deux années d’amitié rougissante, et elle part de loin, de sa plume sillonne les souvenirs à la recherche d’émotions vibrantes. La nostalgie pénètre le cœur, la tristesse, la révolte mais il y a ce grain de lumière à chaque mot, à chaque phrase, à chaque couplet de cette maigre vie construite de labeur, d’injustice, de colères, de convoitise. Car ces deux-là bien qu’elles se relient s’éloignent aussi, on pourrait croire qu’elles ne forment qu’une seule entité, pourtant elles auront le loisir d’observer leur sentier de fatalité se couper. Quand Lila sera rejetée au bas fond de sa condition de femme inférieur, mariage et procréation lui étant destiné, Elena aura plus de chance, elle, aura le plaisir de continuer ses études. Alors j’ai gueulé contre le père humain de Lila, que je ne pouvais pas non plus juger. L’autrice offre une baignade noyade, naturel son talent qui pourfend le cœur du lecteur, l’emmène en voyage jusqu’à la dernière page, la lie bue jusqu’à la moelle. Le premier tome relate les dents de lait, la puberté, les poils qui poussent, les préoccupations de cette jeunesse tout feu tout flamme, pauvre au précipice de l’orgueil quand ces garçons obtiennent un filon pour l’argent coulant sur leur phalange.
Il n'existe aucun geste, aucune parole ni soupir qui ne contiennent la somme de tous les crimes qu'ont commis et que continuent à commettre les êtres humains.
On pose les bases d’une saga d’apprentissage (toute la vie est un apprentissage et ça s’arrête jusqu’à la mort) qui sera culte, éternelle peut-être, j’espère qu’elle pourra traverser les siècles, entrer dans la postérité ; car, en plus de me donner goût et intérêt à cette mélopée italienne, j’ai l’ivresse des recherches, des connaissances sur ce pays. J’ai senti les rayons chaleureux, j’ai entendu les bruits de voix, j’ai assisté aux bagarres de coqs (ah les frères veillant sur les cadettes) ; j’ai appris que la famille en Italie et surtout les filles étaient sacrées, perles à protéger. En écrivant cet article, je me rends compte qu’il ne lui rend pas hommage à ce roman qui m’a bercé pendant quelques jours, impossible de le lâcher, sans m’en rendre compte j’étais exposée dans le climat de la méditerranée, spectatrice saoule et un peu jalouse aussi d’assister à cette si belle histoire d’amitié. La saveur romantique mais ancrée totalement dans le réel valse encore dans mon myocarde passionné. Peut-être aurais-je aimé l’écrire moi-même ce roman, sûrement car ce thème fut une rencontre époustouflante, j’ai retrouvé des pensées, comme si l’écrivaine était rentrée dans ma tête pour absorber ces transports amicaux et en peindre une fresque où se mêle tous les sentiments que l’être humain peut ressenti
L'enfant qui est en soi fuit comme crève un pneu sans chambre : lentement. un jour, on se regarde dans un miroir, et c'est un adulte qui vous renvoie votre regard. on peut continuer à porter des blue-jeans, à écouter Bruce Sprinsteen, on peut se teindre les cheveux, mais dans le miroir, c'est toujours un adulte qui vous regarde. Peut-être que tout se passe pendant le sommeil, comme la visite de la petite souris, la fées des dents de lait.
Il rôde, millénaire, dans cette ville de Derry, dans le Main où des horreurs étranges s’entrechoquent, frappent de leur main gelée à plusieurs époques. Il se nomme ça, ce démon, cette créature qui hante les rues, en clown ou en sangsues carnivores il se vêt de l’apparence des peurs les plus obscènes, comme le monstre que craignent les enfants, il les mange. Il était une fois un livre bouleversant de réalisme, d’horreur, de dynamisme, le malsain gourmand se permet de se fabriquer un lit sur plus de mille pages. Cet ouvrage était posé sur ma PAL depuis quelques années, sept ans d’attente pour que je daigne l’ouvrir, mais la patience fut récompensée, ce fut le bon moment, avant, pareillement que les sept chérubins de Derry je ne pus y jeter mes yeux, d’angoisse, d’effroi. Son succès le dépasse, la figure prend des allures de mythes, on frissonne quand on pense à Grippe sous le clown, maléfique est son prénom, démoniaque est sa nature. Stephen King entretient cette obsession sur le combat entre le bien et le mal et, à chaque fois, se surpasse pour nous offrir en présent des histoires défiant le bonheur et la joie.
On s’y sent chez soi, entourée de repères factices que King fabrique de ses phalanges sadiques ; Derry devient notre maison, spectateur posé dans la terreur, assistant aux comportements bizarres des adultes, à la lucidité des enfants. Derry c’est une ville où se regroupe les pires ainsi que les meilleurs, où l’humain semble sublimé par ses mauvais côtés, cette part d’obscurité que l’on possède, que l’on musèle. On habite, on connait ces ruelles, cette bibliothèque, ces friches, ce château d’eau ; autant d’élément qui façonnent un mythe, un paysage, un décor. Derry n’est pas une ville, c’est un personnage maternel qui abrite en son sein le pire comme le meilleur, le bien comme le mal. Elle ne fait pas de différence, elle berce les ténèbres comme la lumière, Derry ne juge pas, elle protège, attire, c’est malsain quand même l’attraction qu’elle soumet aux siens. Alors les longueurs qui s’écroulent, qui narguent, qui s’enfilent sur des pages et des pages n’en paraissent pas, car l’action ne se fait pas rare, le mouvement est omniprésent, le rythme s’impose par des pauses et des intensités savamment maitrisées. L’harmonie se meut, chef d’orchestre tissant la toile jusqu’à l’apothéose finale. L’expérience magique comblera un lecteur ivre de sensations fortes, au bout de quelques trois cents pages déjà nous sommes emportés pour un voyage au-delà des mots, au-delà de la réflexion simpliste. Ainsi beaucoup aime étiqueter les romans dans des classes, des genres, ici l’on se retrouve perdu car celui-là regroupe plusieurs livres, une bible peut-être mais alors une bible de la terreur. J’ai eu en face de moi un maître du réalisme qui m’expliquait gentiment comment écrire une histoire sans se mettre des barrières, le vent de liberté souffle sur toutes les pages, l’écrivain ne se réfrène pas, il écrit sauvagement, sans tabou, une graine d’ironie qu’il place dans ses personnages (ô Henry !)
On foule nos pas dans la psyché humaine, de celle qui n’a pas de filtre, oiseau suprême de liberté mais aussi d’effroi, car l’enfant apprend dès sa naissance à se contrôler : le ça vient se juxtaposer sur le moi. Grippe sous est-il démon ou l’incarnation de l’humanité dans tout ce qu’il y a de plus affreux ? Il ne donnera pas de réponse précise et je me suis amusée à développer des théories qui s’entremêlent maintenant dans mon carnet, alliées de citations émouvantes, réelles, universelles. Il joue sur les différents âges, l’enfance s’esquisse en éloge par la plume aiguisée, une douceur poétique s’incruste simplement dans les paroles, les pensées, les gestes, un contraste énorme quand on assiste bouche béate, lèvres frissonnantes aux massacres que commet avec plaisir l’orque clown. Lire ce livre c’est posséder sa part d’enfant que l’on a perdu, enfermé dans nos expériences d’adulte, c’est sourire aux croyances absurdes que le petit garde en son sein, il vit à travers ces légendes, ces passions, l’enfant vibre, émerveillé par le monde qui l’entoure, sans filtre, sans laisse, il court au danger, apprend ; le lecteur retrouve ses yeux agrandis par les merveilles et les ignobles de l’existence. Tout est développé, rien n’est abandonné, entre les relations parents enfants ou encore les actions des habitants, tout trouve un sens. Impressionnant. Quand j’entends dire que Stephen King écrit des livres de plage, bien vous fasse, lisez à la plage, je pense que les émotions seront toujours aussi percutantes. J’y ai aperçu un zeste de Nietzsche dans la seconde hypothèse que j’ai façonnée, les références bibliques me fascinent, Ca m’offre alors la possibilité de réfléchir de songer. Grippe-Sous comme Le Joker sont des entités qui hanteront les rêves, cauchemardesque de l’indécence ; et Dieu s’installe tranquillement, La tortue. J’y vois une moquerie cinglante et ça ne m’étonnerait pas le moins du monde que King soit athée ou agnostique. Il construit ses raisonnements à la manière de Sartre ou de Camus, ces derniers écrivant du théâtre pour mettre en lumière leur philosophie. On croirait que King écrit juste pour le loisir, au contraire, celui qui tient en sa main un de ses ouvrages verra, ébloui, qu’il appartient à ces génies observateurs qui peint sur des pages et des pages des psychologies tout à fait différentes, qui ne s’embrouille pas et respecte religieusement ses personnages qui semblent vivants. Plusieurs fois j’ai cru que je pourrai les appeler après ma lecture.
Avant l'univers, il n'y avait eu que deux choses. l'une était Ca même et l'autre la tortue. La Tortue était une antique vieille chose stupide qui ne sortait jamais de sa carapace. Ca pensait que la Tortue était peut-être morte, morte depuis le dernier milliard d'années, à peu près. Même si elle ne l'était pas, ce n'en était pas moins une vieille chose stupide, et même si la Tortue avait vomi l'univers au grand complet, cela ne changeait rien.
Lire ce livre avec une personne proche, une amie peut se révéler efficace voir même amusant, intéressant de constater, de comparer les passages qui nous ont le plus marqués. Maned Wolf a été traumatisé par les sangsues, j’ai plus été touchée par Henry et sa folie (Grippe Sous ne m’a pas fait peur, j’étais comme un psy face à cette monstrueuse créature). La société américaine dépecée émet un rire grotesque, le racisme, la vulgarité, les névroses, les gens qui s’assemblent, ne voient rien, n’aident pas, on s’engouffre parfois dans le néant de la gentillesse, règne l’égoïsme et l’égocentrisme montrés fidèlement, réellement. Entre l’ami, dans la glauquerie et l’enfer ingénieusement préparé, Le roi te tend un plateau de vermine et de tendresse mélangées que tu aimeras, la peur se gaussera dans tes veines tandis que tu tourneras les pages passionnément, jusqu’au final, le grand boom de la fin ! Tu reposeras le chef d’œuvre avec peut-être, une gueule de bois littéraire, c’est le risque quand il s’agit d’une montagne d’intelligence.
# Mai - C'est le premier, je balance tout
By Vagabonde. - samedi, mai 13, 2017
Mai fait ce qu'il te plait, le soleil pétille de ses rayons encore timides dans ma région, les nuages se poussent, le printemps chatoie. Enfin ! Adieu hiver morne, hiver sec, automne mélancolique où même un thé ne parvenait pas à atteindre la tristesse d'une pluie, la lumière conquit les coeurs comme je dis toujours. Avril fut un mois dont le début se montra cosmique, où la rupture d'un clapet bondit sans que je m'y attende. Mais avril fut aussi une libération, examens terminés et découvertes livresques magnifiques. Le temps s'enfile, paisiblement, je profite de ces grains charmants de luminosité.
☼ LE FLOP ET LE TOP ☼
Un mois chargé de livres que j'ai adoré, qui m'ont tourmenté, qui m'ont apporté, des histoires où l'horreur rugissait de sa voix suave et où les émotions se teintaient de tristesse et d'hommage. J'ai procrastiné de manière hallucinante, aucun article n'existe pour le moment sur le blog mais mon carnet regorge de note, de plan, de citations.
La sagesse dans le sang fut mon flop de ce mois, il en fallait bien un et c'est celui que j'ai le moins apprécié. Toujours est-il que j'ai été touchée par ce style sauvage, cette plume incisive, mordante et cruelle pour ses personnages. Flannery O'Connor aiguise sa lame littéraire et pourfend le trompeur, le rusé évangéliste, un peu fou certainement. Le goût d'incompréhension trempe sur mes doigts tandis que je réfléchis encore sur cette histoire, je crois que j'ai traversé un périple, un sentier d'épines. On ressent dans ce livre toute un mystère, un mysticisme impressionnant, la folie se jette sur notre psyché et les actes, les paroles se métamorphosent en incompréhension. Je crois que ce roman m'a un peu fasciné, il n'appartient à aucune catégorie mais garde une force sublime.
L'amie prodigieuse est certainement un joli coup de coeur dont je parle dans une vidéo. Agréable surprise se dévoilant au fil des pages, ce roman est un bonbon doux amer qui valse sur la langue, une saveur particulière aux papilles. Tout au long du récit, la réflexion de la narratrice apporte un naturel, une simplicité, une réalité immersive impressionnante, le mieux tant que lecteur nous ne nous en rendons pas compte que le livre entraîne. L'auteur est entré dans ma tête à plusieurs reprises, des citations d'une réalité parfois insoutenable, ce roman c'est le soleil dans une mer de souffrance ; il brille, s'illumine puis s'éteint, se souffle la chandelle de la joie, s'enhardit la flamme de la vie.
☼ LES DÉCOUVERTES LITTÉRAIRES ☼
Ce mois-ci les voyages furent posés dans leur cocon, je n'ai pas pu profiter des autres blogs que je suis pourtant régulièrement et toujours avec passion. Quand même Histoires Vermoulues m'a tenté en utilisant certains mots clés, elle a encore une fois ravie mon coeur pour cet ouvrage qui titille ma curiosité : Moi, Jean Gabin de Goliarda Sapienza. Les mots onirisme, atypique, rêveur etc trouvent une place fondamentale dans mon battant enivré d'envie de lire de ces oeuvres qui me permettent de m'envoler dans un au-delà contemplatif, entouré de beauté. Je n'ai pas pu l'acheter, car il ne se trouvait pas dans ma librairie aimée, mais, au lieu de ça j'ai retrouvé le même résumé dans un Nabokov qu'il me tarde de déguster. La peur me noue le ventre quand il s'agit de l'écrivain encensé George R.R. Martin, en pleine lecture de Dracula qui se révèle un coup de foudre monumental, La petite marchande de prose a su avec sa plume toute en délicatesse me tenter pour que je me procure Riverdream, titre que je ne connaissais nullement à la base. Enfin, un titre dont j'entends beaucoup parler par mes proches et des chroniques passionnées, ce livre semble une fascination à lui tout seul, labyrinthe chaotique mêlant les mythes et une réflexion littéraire : La maison des feuilles m'attire et m'envoûte.
☼ LES DÉCOUVERTES WEB ☼
Cette fois-ci on va parler de nombreux sujets qui me tiennent à coeur, des sujets dont on parle, des sujets nouveaux pour certains mais dont quelques personnes en parlent très très bien ! Le pervers narcissique notamment fait l'objet d'une introspection et explication remarquable grâce à Homo sapiens sur un caillou. Voici le lien de la vidéo, elle est longue, un peu dérangeante mais totalement réaliste et recherchée. Etre femme me concerne, ses droits et ses batailles, j'ai pris goût à lire plusieurs articles défendant notre statut, se révoltant contre les injustices vicieuses et futiles dont la société fait preuve à l’égare de la gente féminine. La culture du viol me touche énormément et j'ai à coeur de gueuler, Ca fait genre écrit un article sur un article de Joystick prônant cette culture particulièrement immonde. L'article est long, mais il se déguste tellement les choses dîtes sont véridiques. Trop de choses à vous montrer, qui m'ont profondément touché ma corde sensible et révoltée. Pour un dernier lien, on parle de youtube et des femmes, de cette société où nous ne sommes pas encore très sûre de nous même en tant que sexe féminin ; les internettes ont tourné ce documentaire que j'ai trouvé tout à fait intéressant.
☼ L’INTROSPECTION ☼
Un petit cri d'espoir dans cette ritournelle estudiantine, mes examens sont finis mais je me reproche mon manque de confiance en moi, au lieu d'écouter mon instinct et mon cerveau, j'écoute des personne qui ne savent pas. Pour ça, je me ronge mes ongles et ça m'apprendra. Encore un mois où la perspective d'un stage se dessine à grand trait barbouillés sur les pages de mon carnet, un mois où je me confronterai aux joies d'observer un professeur d'arts plastiques, souvenirs, souvenirs êtes vous là. Je sens le coup de vieux proche de ma face qui claquera dans un sentiment de nostalgie nuancé de mélancolie. On dit que vingt quatre ans c'est jeune mais on ne parle pas de ces années qui défilent en étoile filante, vives et alertes. Je ne m'attendais pas aux rafales de compliment adressé à ma capacité à peindre, n'arrête jamais me dit l'un de mes profs (le plus craint en plus), je continuerai certainement, mais de là à dévoiler en allant frapper à la porte d'une galerie il reste un moment. Des projets plein la tête depuis que j'ai découvert youtube, je ne tiens pas à rester figée sur une sorte de vidéo mais sur plusieurs et parler de sujets de société (pour cogner sur mon humeur révolutionnaire) me tente de plus en plus. J'attends un environnement cosy et intimiste pour qu'on puisse se mettre à l'aise toi et moi !
Il s'arrêta et s'appuya au mur d'une maison. Puisque le passé lui donnait de telles garanties d'infortunes pour plus tard, quel bien espérait-il de l'avenir ? Pourquoi se dire que dans un an, dans deux ans, il serait peut-être heureux ? n'était-il pas tout aussi niais que jadis, lorsqu'il attendait qu'un généreux destin lui prodiguât la joie ? Et dans dix ans, quinze ans, vieux et déçu, ne gémirait-il pas comme aujourd'hui de sa naïveté d'autrefois ?
Julien Green fut inconnu pour moi jusqu’au jour où j’ai pris ce livre d’une poigne tremblante, le titre invoque le nom d’un démon, celui-là même qui causera la fin du monde, terré au fond des mers, affamé de toutes ces âmes déchues, en perdition. Léviathan c’est la passion humaine, la folie meurtrière et passionnelle, c’est un échiquier qui dépose ses pions désespérés sur un terrain terrible, puissant, un amour jamais vaincu qui arrache les ailes de l’homme et de la femme. Plusieurs personnages se bousculent dans une mascarade paysanne, surtout les personnages comme le lecteur ressentent ces sensations en négatifs, ces sentiments pernicieux, vicieux. Le ver est dans la pomme, l’écrivain dans un talent presque obscène tellement les pages foisonnent de richesses annonce la couleur noirâtre de cette histoire d’amour qui n’en est pas, Eros et Thanatos se dessinent en conquérant.
L’existence chez l’écrivain ne semble pas douce, elle s’habille de tulles noires et de coton gris, jamais le rose ni le vert de l’espoir se colorera entre les pages ; lecteur, si tu cherches un roman où la fin chantonne tu ne te trouves pas sur le bon sentier. Tu traverseras plutôt un chantier de ronces, des épines sur tes pieds, le visage arraché. Les personnages démunis crient famine, chacun possède son caractère pervers, je pense d’ailleurs à cette vieille femme aigrie, décrite comme une matrone, hurlant et maltraitant les clients, ivre de son pouvoir car, en réalité, elle sait qu’elle n’en a aucun. Ils sont noyés dans leur solitude, dans leurs choix misérables, dans leur regret aussi, rien n’est pire qu’un regret qui serre le battant, l’enserrant dans ses pattes griffues à écraser une joie qui aurait pu exister s’ils n’étaient pas si avachis dans leur colère. L’horreur ne se résume pas dans les gestes, l’horreur s’esquisse dans les frustrations, les névroses, les non-dits, les espoirs vains, les jeux de séduction, de coquetterie. Pas de manichéisme, les personnages sont logés à la même enseigne, elle clignote, elle jure : ils se ressemblent dans leur tristesse. De la riche au professeur, de la lavandière à la cantinière. L’ambiance alors devient oppressante, la respiration se fait par saccade, ce fut impossible de juger, j’ai eu une larme quelques fois, pétrifiée par tant de douleur. Quand la vie n’offre rien, rien n’est à perdre. Ce roman cogne par sa cruauté, les dépressifs n’y sont pas invités. Le bon dans l’être humain n’offre qu’un morceau facilement oublié, mangé par les intérêts de chacun. On comprend, on pardonne, l’auteur dévoile, exhibe ses créations de papier qui bougent, hurlent, s’égratignent à la paroi de la sensibilité. Une fresque humaine est peinte dans sa fragilité la plus sévère, nous ne sommes qu’humain après tout, cela implique une vulnérabilité extrême.
L’amour paraît l’un des sujets les plus courant en littérature, dans tous les champs artistiques, dans notre vie, chez l’être humain, l’amour c’est ce sentiment qui fascine, à la fois beau, juste, mais aussi ignoble et corrosif. Ici, on court vers la tragédie provinciale où l’adoration, la dévotion, l’affection s’ancrent comme autant de fléau, insupportable. Le malsain rit, s’incruste dans le cœur de cette demoiselle belle comme une lys de printemps, cette gamine vendant ses charmes, obligée pour survivre, la naïveté tâche sa psyché d’une couleur fade, mais elle est aimée, d’une mauvaise manière dont elle ne se rend pas compte. Lui est cet être de plâtre, empêtré dans un mariage qui ne lui convient pas, dans un obscur tunnel où la vie semble vaine. Il ne survit que grâce à la vision flamboyante de cette Angèle. Elle ne l’apprécie pas, ne lui offrira jamais son myocarde, elle adore pourtant être aimée car elle a besoin de ça pour exister. L’une des motivations principales de l’Homme c’est cette affaire de reconnaissance, de pouvoir se voir dans les yeux d’autrui. Elle abuse de lui, pauvre homme qui se coule lentement, doucement, dans une pépinière de souffrance qui aboutira au drame. L’estime reste ce transport qui pourfend ou qui baume le cœur. Il se transforme en obsession, en jalousie alors que la fillette ne lui a rien dit, le tombeau de la beauté saccagée se barbouillera sur son visage autrefois angélique. Hitchcock aborde les mêmes pensées, le vice entraîne souvent la punition non méritée. Ce passage intense m’a engouffré pendant un certain temps dans le mutisme du choc, inconsciemment j’étais témoin de cette jeune envolée que je n’appréciais pas particulièrement, les mots me manquent pour expliciter clairement, mais aucun des deux n’est coupable. Et le professeur m’émeut toujours quand je pense à cette scène foudroyante.
Il lui semblait comprendre tout à coup que la vie n'était pas généreuse deux fois, que le peu qu'elle donnait, il fallait le saisir avidement. Et son imagination assombrie lui représentait la vie comme un être capricieux et terrible, un tyran avec qui il n'était pas sage de discuter.
De passages traumatisants il y en a pléthore, cette manière sadique de l’écrivain augmente les sensations du lecteur, j’ai été choquée, bouleversée, non de colère ou de déception simplement triste, mélancolique, la tête de biais versé sur les pluies torrentielles des propres émotions des personnages. Ils sont vivants, ils frôlent la vie dans notre imagination, prennent une place incommensurable pendant quelques jours, jusqu’à refermer le roman, un souffle de soulagement. Car parfois c’est trop. Trop de sensation d’un coup, l’ouvrage est impitoyable, il nous traîne dans une bourbe que l’on ne lâche pas, impossible. Car il nous parle, il secoue notre intériorité, nous fait réfléchir sur notre passé, sur notre état d’esprit. Il ne fut pas un coup de cœur mais un coup au cœur. Il ne fut pas une découverte mais un cataclysme sur ma sensibilité. Au final je les ai tous aimé et détesté en même temps, au final Léviathan est universel, profond, il respire un air de sauvagerie passionnelle.
Le désir de lire ce roman conseillé par Pretty Rosemary m’immergea dans une grande expectative ; ce roman des romans, faisant l’éloge de la fantasy et de la science-fiction par une adolescente chétive me donnait souhait de m’immerger délicieusement entre les pages que j’imaginais empruntes d’un amour intense pour ces objets que je caresse chaque jour. Malheureusement, l’imaginaire ne s’est pas confronté au réel qu’il offrait, de premières pages prometteuses je suis tombée dans le précipice ravageur de la lassitude, du désappointement, pas même d’un brin de colère là normalement pour m’envahir de ma hargne. Ici, je n’ai rien ressenti, quelques morceaux tout au plus, de sursaut d’intérêt pâle, fantomatiques, dilués dans les remarques de cette gosse au caractère page blanche, impersonnel. Morwenna ne porte que son prénom d’une beauté immatérielle, mais le récit porte la monotonie d’un soir d’hiver où la cheminée ne flamberait qu’un microcosme de passion mouillé, gâché.
Pourtant, ce livre s’esquissa sur une expérience nouvelle pour moi, je n’ai pas aimé le personnage principal, fait qui ne m’arrive pour ainsi dire jamais. J’ai été confrontée à cette adolescente en tourment, en reconstruction, rebelle et intelligente peut-être, mais gueularde, jugeant ses proches, insupportable, narcissique. En bref, une personne à qui je donnerais allégrement une baffe si je la croisais dans une rue. Une Alice des pays des merveilles au regard colérique, aux croyances fantasmagoriques, aux principes naïfs ; mélange de rien et de tout basé sur un produit qu’il faudrait terminer. On peut adorer détester un personnage de papier, cela signifierait que le but était recherché, que l’être fictif était construit, détenait une personnalité propre à laquelle non seulement le lecteur peut s’identifier mais aussi le rejeter comme s’il était vivant, qu’il vibrait dans notre intérieur personnel. Morwenna possède cette allure de néant, une Bella Swan incapable de nous transmettre sa passion pour la lecture. Jamais elle ne fait mention dans son journal d’explication concernant sa survie grâce aux livres, son refuge, on le sent, se fabrique à partir de ces phrases qu’elle ingurgite chaque jour, en proie aux brimades de ses camarades, d’un trouble passé, d’une mère et de tantes terribles, d’un père qu’elle n’avait jamais vu avant l’accident. Pas un mot sur ce qui la fait vivre, alors, nous, lecteurs, chutons sur un macadam récalcitrant à partager ses secrets. L’autrice tenait le bon bout pourtant, un livre parlant de livre, l’histoire aurait pu être passionnante. Les lecteurs se cogneront néanmoins à une intrigue pataugeant dans l’ennui profond, la lassitude extrême, une traduction bégayante ne rendant pas hommage à ce qu’aurait dû être une large bibliothèque magique.
Je ne sais pourquoi je l’ai lu jusqu’au bout, sûrement car l’espoir brillait d’une fin à la hauteur de ces passages forcés, de cette artificialité à chaque phrase du carnet. L’enfant raconte ses peines… elle raconte plutôt ses critiques vis-à-vis de ce monde, de son internat qui, sourire à mes lippes, me rappelait vaguement ce pensionnat dans La petite princesse. Peut-être alors que les influences, les références, naturellement se distillent au sein de l’univers de Joe Walton qui chatoient après la couverture refermée. C’est l’un des rares points positifs car des manquements, des fragments pullulent. Le livre est, par ailleurs, vendu dans la section fantastique, car, après les livres viennent les fées, qui elles aussi, ne sont pas du tout exploitées, tout juste si elles ont le temps d’être expliquées. Elles sont là, choses hideuses ou esthétiques, petites créatures adorables, mystérieuses juchées au bord des branches, sauvages, invisibles à ceux qui ne croient pas, l’allusion à Peter Pan est féroce sur ce point-là. La magie ensuite se faufile doucement entre les lignes, Morwenna l’utilise pour ses besoins personnels, pour sa protection contre cette mère vengeresse, reine noire clichée suprême. Mais le flou subsiste, le vécu ombrageux de la gosse persiste, l’écrivaine ne nous narre rien qu’une vie quotidienne jonchée de romans SF et de fantasy, de cours et d’examens, quelques fois des départs en vacances. Les thèmes abordés sont expédiés bon gré mal gré d’un coup de pied. Alors que ce roman pourrait être passionnant, les liens entre la mère que l’on ne voit jamais et sa fille, les liens père fille, le lynchage à l’école, la passion des livres qui ouvre la voie à une possibilité extrême se soufflent dans un mouchoir. Bâclé voilà le mot que je cherchais.
Morwenna est une histoire morne qui ne m’a pas accaparée, j’en laisse tout de même une trace avec cette chronique, et, bien qu’il soit fade, dénué de passion (quand on parle de livres on se doit de transmettre le maximum possible) j’aurai voulu l’aimer comme d’autre l’ont aimé. Toutefois cette désagréable impression, ténue, vicieuse, serpent aux fourrés de ma colère, me fait avouer, à demi coupable, que l’auteur aurait pu faire mieux, beaucoup mieux, elle tenait les idées riches en sens, ces idées émotions précieuses à la préservation d’un roman, les livres, la magie, les fées, cette jeune fille perdue, désabusée, méfiante envers cet environnement nouveau dont elle n’arrive pas à s’adapter promettait quelques tensions, quelques larmes, quelques rires jetés à la trappe par le désir de l’artiste.