Par la talentueuse Lemon June et ses vidéos exceptionnelles j’ai encore une fois été happée, curieuse de nature, il fallut bien que je m’accapare le premier tome d’Autre Monde, saga young adult écrit par Maxime Chattam. Le drame se balance au bout de sa corde de nœud serrés, je n’ai pas aimé malheureusement, douloureusement même quand une booktubeuse en parle si bien c’est l’envie de ressentir la même passion pour ce roman. Le charme s’éteint par un style sans plume, par des défauts et incohérences, des facilités scénaristiques qui n’ont pas eu l’éloge de m’embarquer, de m’enlever naturellement pour que, spectatrice actrice je survole cet univers façonné de mille pièce brillantes par l’écrivain. Une saveur amère, pérenne sur mes papilles concernant ce pilot de saga d’aventure, d’imaginaire me laisse un sentiment rébarbatif, de lassitude.
On le sait, je suis de celle impérieuse, sélective, dure, tranchante, dévote, élitiste, examinant les plumes que créent la littérature, c’est l’enchanteur don des centaines d’écrivains s’étalant sur les tables d’honneur des librairies que j’admire, qui me transportent. Lire des classiques pour aiguiser ce goût des récits fabuleux possède cette face obscure quand il s’agit des romans de jeunesse. Que j’ai mal ! Que je souffre ! Lorsque je découvre avec horreur un style à l’américaine, recette de cuisine qui vend, qui profite aux éditeurs pour faire de l’argent. Une histoire ne doit pas raconter qu’une histoire. Ainsi, dans l’autre monde de Chattam, les répétitions, les verbes êtres, sans poésie quand l’univers le demanderait offre une aura pâle de ce qu’aurait pu ressembler le bouquin. C’est dynamique certes, mouvant tels les sables aux grains d’or sur une plage de mer turquoise, on se prend au jeu pour un temps, le temps de remarquer avec effarement une plume qui gâche, qui déchire, qui barbouille de noir un monde imaginaire, dystopique intéressant. L’équilibre se floute dans un précipice. Plus que les descriptions d’action qui survolent rapidement la faune redevenue sauvage, un paysage à l’état brut, l’auteur ne nous laisse guère une pause pour s’approprier cette sphère mystérieuse, créatrice. Moi qui apprécie de détenir un moment pour mon intérieur psyché, illusion de ne pas consommer ces objets que je chérie, j’ai été gâtée par le désir narcissique de l’écrivain (je ne mens pas, dans une des interviews il disait explicitement qu’il écrivait pour lui et non pour son lectorat).
Quand on se lance à cœur ouvert, le myocarde exposé sur sa feuille blanche, on se lance dans un marathon, les idées surgissent, gravées sur un carnet secret avant de poser les mots alignés pour créer. Le message ici se revêt d’importance, en plein champ de notre société puisque la télévision rugit ses menaces, ses imprécations sur l’environnement, l’écologie. J’ai souvent imaginé un monde sans homme où la nature déesse reprendrait ses droits sur cette maltraitance qu’on lui impose tous les jours (je verse une larme pour la forêt Amazonienne, pour les dauphins péchés, massacrés par les japonais). Maxime, lui, l’a écrit, nous exhibe un univers en pleine mutation où les enfants seraient les héritiers d’une seconde chance. C’est utopiste, l’idée de base était bien trouvée, le développement est mal formé. Il exploite son monde comme un marchand, un PDG d’une grande entreprise, sans fioritures mais sans but, sans parti pris, il écrit simplement pour raconter une histoire, sans y mettre une forme poétique qui aurait méritée d’exister. Moi, lectrice grognonne j’aurai souhaité qu’il ouvre la voie des possibles avec des descriptions fabuleuses de cette flore qui pousse, qui grimpe, qui resplendit sous le soleil renaissant. Les maladresses sont nombreuses, il marche sur la pente de la jeunesse perdue, ivre de récits sans leçon. Les clichés sont présents aussi. Les adolescents, les héros ne se démarquent pas d’autre héros d’autres séries young adult ; ils se mélangent à la mélasse nauséabonde que l’on propose aux enfants. Matt apprend à tuer pour se défendre mais cela devient lassant, moins plaisant quand l’auteur n’arrête pas de nous rabâcher sa culpabilité d’une unique manière, des mêmes mots qui traînent sur les pages, désabusés. Le véritable problème de ce récit, c’est son immaturité pour le publique adulte, cette étrange sensation de fausseté, de lourdeur. Le naturel bannit de cette société.
Les personnages font vivre l’aventure, c’est Stephen King qui l’a dit ! Cependant dans l’alliance des trois il y a ce sentiment persistant, narquois, mesquin qui s’enroule autour du cou jusqu’à étouffer tendrement cette valeur que le bouquin pourrait avoir. Les scènes sont déjà vues, le combat contre le bien et le mal également. Je rêvais de multitudes de clins d’œil à Peter Pan, seul le nom est repris pour désigner ces enfants en quête d’une nouvelle existence. Je rêvais d’un ouvrage original, fier de sa prestance, de ce qu’il a à dire, à exprimer mais même ça je ne l’ai possédé. Je l’ai lu jusqu’à la lie avec regret et désappointement mêlés. Pour le plaisir certainement, pour passer un quart d’heure de sourire exactement, pour réfléchir sur notre condition et ce que l’on fait à notre planète adorée non.
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